, Les vigneronnes par Bordeaux Magazine
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Vigneronnes d’abord, femmes ensuite.

On pourrait croire que le vin est une affaire d’hommes. Que la rudesse du métier, les mains à la terre, l’aptitude du palais, l’autorité … on pourrait croire que de tout cela, les femmes sont exclues, ou s’en excluent inconsciemment.
On pourrait croire à un monde machiste. Il l’est parfois.
Mais c’est oublier les centaines de femmes qui se sont frayées un nom et une identité à Bordeaux.

 

De père en fille

Il y a celles qui sont nées dans les vignes, un sécateur dans une main, un verre de vin dans l’autre, juste pour goûter. Celles à qui l’on a transmis le savoir-faire familial et l’amour du bon vin. Dignes filles de leur père, de leur grand-père parfois, elles prolongent aujourd’hui l’histoire de famille … pour l’écrire au féminin. L’époque a changé. 

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C’est le cas de Pauline Vauthier, qui a repris le Château Simard avec son père en 2008 (la propriété était dans la famille depuis 1954). Un duo père fille équilibré et dynamique qui vinifie aujourd’hui dans la plus pure tradition Saint-Émilionaise.

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Le duo père-fille, voilà qui constitue aussi l’âme des Domaines Rodrigues-Lalande. Après des études de comptabilité Léa Rodrigues-Lalande se réoriente dans le vin, avec l’aide se son père. A 26 ans, elle est aujourd’hui à la tête du Château de Castres, Château Roche-Lalande, Château De Beau-Site et du Château Pont Saint-Martin, les 4 châteaux de la famille, ce qui fait d’elle l’une des plus jeunes viticultrices de la région. Ses mains trahissent le travail de la terre : « je suis une terrienne, je travaille dans les vignes comme tout le monde, avec mes employés ». Une manière aussi d’asseoir sa crédibilité auprès de ses équipes. « Aujourd’hui beaucoup de filles jouent la carte féminine, un vin doux, séduisant… Pour ma part, je ne suis pas une femme qui fait du vin : je fais du vin ET je suis une femme », résume-t-elle avec l’aplomb de sa voix grave.

Autre fille de son père, et de sa mère, Mélanie Barton-Sartorius a repris en 2011 le Château Mauvesin-Barton, après des études à l’université de Bourgogne en sciences de la vigne. Mais c’est à Bordeaux qu’elle passera son Diplôme National d’œnologue… la première œnologue de la longue lignée des Barton.

Preuve supplémentaire que l’univers du vin de féminise, Caroline Lévèque, fille du courtier François Lévèque, a elle aussi marché sur les traces de son père. A 24 ans, elle est même devenue, la plus jeune courtière assermentée de France.

 

Retour aux sources

Et puis, il y a celles qui au contraire, ont voulu s’émanciper de l’histoire de famille. Ne pas faire du vin comme leurs parents. Découvrir autre chose… et qui y sont revenues. Un retour aux sources pour ne pas voir disparaître le patrimoine de leurs parents.

Sabine Silvestrini par exemple, baigne depuis toute petite dans le milieu viticole. Pourtant, loin d’être une évidence, la perspective de devenir à son tour viticultrice ne la séduit guère jusqu’au jour où une séance de dégustation lui fait changer d’avis. Elle deviendra œnologue après un master en commerce international. Aujourd’hui, elle travaille main dans la main avec son frère, Jérôme, et prolonge l’histoire familiale.

Ce revirement du destin, Jocelyne Robin l’a bien connu. Celle qui s’était tournée dans la grande distribution, revient au vignoble familial après le décès tragique de son frère. Nouvelle formation, nouvelle profession. Grâce à sa pugnacité et sa persévérance, Jocelyne a succédé avec brio à ses parents. Le Château La Lagune de Mercey est désormais entre ses mains.

C’est un peu la même histoire qui relie Sandrine Darriet-Froleon à son patrimoine. Loin du vin, elle a suivie des études de chimie avant de travailler dans la sidérurgie. Mais quand son père souffrant, propriétaire du Château Dauphiné-Rondillonlui donne un jour les clés du vignoble, c’est la révélation. La passion pour l’univers du vin la surprend, malgré elle. Alors elle prend la tête de l’exploitation. Et son père, heureusement s’en est sorti.

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Enfin, il y a l’OVNI, Virginie Aubrion. Débarquée à Bordeaux presque par hasard, devenue viticultrice après avoir quitté un bon poste dans la région parisienne. «J’avais 39 ans, il fallait faire vite pour reprendre l’exploitation en tant que Jeune Agriculteur ». Pendant ce temps, son mari rachète une petite pharmacie dans la région, de quoi faire bouillir la marmite pour toute la famille. C’est désormais Virginie, et elle seule, qui sera vigneron sur le Château de Piote pendant près de vingt ans.

Virginie Aubrion, Pauline Vauthier, Mélanie Barton-Sartorius, Jocelyne Robin, Anne Malet, Sandrine Darriet-Froleon, Rachel Hubert, Marie-Laure Parromat, Laetitia Ouspointour, Nathalie Escuredo …  Toutes sont « vigneronnes d’abord, femmes ensuite », pour conclure avec les mots de Léa Rodrigues-Lalande. Et Bordeaux ne s’en porte que mieux.